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Aux Cinq Rues, Lima (Vargas Llosa, Mario)


Gilles : Livre très bien écrit, très fluide et très facile à lire de l'écrivain péruvien. Livre pittoresque dans le style typique de la littérature sud américaine qui nous fait plonger dans les quartiers pauvres et ceux favorisés de la capitale Lima sur fond de presse à scandale et de jeux de pouvoirs dans le Pérou du président Fujimori. Cela paraît assez caricatural mais peut-être est-ce une réalité au Pérou et l'intérêt politique, humain, social de ce récit n'apparaît pas toujours clairement. Un bon moment de lecture sans plus. Moins bon que "Tante Julia et le scribouillard".


Critique :


Pour


Sous l'ère Fujimori, au Pérou, un puissant industriel se trouve aux prises avec un maître chanteur. Ce dernier, directeur d'une revue racoleuse, célèbre pour diffuser ce type de scandales, possède une série de photographies du riche homme en fâcheuse posture, dans une orgie. Tout cela va s'entremêler avec beaucoup de politique, beaucoup de sexe et peu de morale. Les talents d'écriture de Vargas Llosa ne sont plus à prouver, mais ce roman est sans doute le plus facile à lire. C'est aussi une petite vengeance personnelle assez délicieuse : Vargas Llosa avait perdu les élections présidentielles au Pérou face à Fujimori qui s'avéra être une crapule sanguinaire, il s'attaque donc ici non seulement au président déchu depuis, mais aussi à la propension du peuple à accorder trop de pouvoir à la presse à scandale et aux populistes, à ses dépends. On peut lire ce roman en ignorant ce fait, mais c'est beaucoup plus amusant quand on le sait.


Contre


Aux Cinq Rues est le nom d'un quartier mal famé de Lima. Dans ce roman, le Nobel Vargas Llosa règle le comptes à la presse à scandale, la "prensa amarilla" comme on l'appelle dans l'hémisphère sud. C'est un livre qui vole très bas et qui surprend émanant d'un écrivain comme MVL... C'est probablement de la littérature alimentaire mais aussi un règlement de comptes pour cet auteur qui sait de quoi il parle puisqu'il a fait la une avec ses frasques. L'écrivain démontre l'utilisation de cette presse "sale" à des fins politiques en narrant une histoire dans les années 90 de Fujimori quand le bras droit de celui-ci, Montesinos, enregistrait tout le monde afin de les compromettre un jour... Dans cette ambiance délétère, le sexe apparait comme une catharsis bienvenue pour échapper à ce manque de liberté individuelle. Ce livre n'apporte rien à la littérature.



Extraits

On était déjà aux Cinq Rues et la Riquiqui descendit du bus. Elle parcourut à pied les sept blocs qui séparaient l'arrêt de sa maison, sur l'avenue du Lieutenant Arancibia, en passant par tous les lieux qu'elle connaissait comme sa poche et en répondant d'un hochement de tête ou d'un geste de la main au salut de ses connaissances : le médium de Piura qui recevait ses clients uniquement de nuit - à l'heure propice au dialogue avec les esprits -, l'apothicaire qui occupait la petite maison où, disait-on, était né Felipe Pinglo, le grand compositeur de valses ; la villa Heeren qui, à ce qu'il paraît, avait été au XIXe siècle un ensemble composé des demeures les plus élégantes de Lima et qui était aujourd'hui un monceau de ruines que se disputaient charognards, chauves-souris, drogués et bandits ; la maison de la Limbomane, l'avorteuse ; l'église du Carmel et le petit couvent des sœurs franciscaines de l'Immaculée Conception.



Le voyeurisme est le vice le plus universel qui soit. Dans tous les peuples et toutes les cultures. Mais surtout au Pérou. Je suppose que vous le savez mieux que personne : nous sommes un pays de commères. Nous voulons connaître les secrets des gens et, de préférence, les secrets d'alcôve. En d'autres termes, et pardon pour la grossièreté, qui baise avec qui et comment ils le font.


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