Gilles : Petit livre pour découvrir l'auteur José Saramago. L'écriture est plaisante et pleine de poésie. L'auteur nous fait partager le Portugal de son enfance et arrive à nous faire ressentir un monde disparu par le prisme de l'enfant. Des souvenirs subjectifs, souvent inexacts amenant à décrire une époque et des lieux authentiques.
Critique : Les menus souvenirs d'une douce nostalgie, souvenirs plein d'espièglerie, sensations et naïveté de l'enfance que l'écrivain a inventorié et gardé précieusement pour mieux redonner vie, à travers son écriture, à un monde disparu, une sorte de paradis perdu : le Portugal de la première partie du XXeme siècle : un monde attachant et chaleureux de petites gens plutôt pauvres, agriculteurs ouvriers vivant dans une nature peuplée de champs d'oliviers et de figuiers, de masures improbables, des quartiers lisboètes tout un environnement que le temps a définitivement balayé mais dont les vestiges sont reconstitués dans la mémoire du vieil auteur…Un livre d'une grande tendresse qui réchauffera les cœurs non seulement des amateurs de littérature portugaise, mais aussi d'un public en mal d'évasion poétique.
Extraits
L'enfant que j'ai été n'a pas vu le paysage tel que l'adulte qu'il est devenu serait tenté de l'imaginer du haut de sa taille d'homme. L'enfant, pendant tout le temps qu'il le demeura, se trouvait simplement dans le paysage, il en faisait partie, il ne l'interrogeait pas...
Tu étais assise, grand-mère, sur le seuil de ta porte ouverte sur l'immense nuit étoilée, sur le ciel dont tu ne savais rien et dans lequel jamais tu ne voyagerais, sur le silence des champs et des arbres fantomatiques et tu dis, avec la sérénité de tes quatre-vingt dix ans et la fougue d'une adolescence jamais envolée : "Le monde est si beau et cela me fait tant de peine de mourir." Textuellement. J'étais présent.