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Quarante cinq Poèmes (Yeats, William Butler)


Gilles : En partance pour l'Irlande, j'ai envisagé la lecture du poète phare de ce pays perçu comme un dieu comme Beckett, Wilde et Joyce. Chaque poème est sur 2 pages, une en français, une en anglais. Il semble assez net que la traduction pose difficulté et atténue la beauté des poésies de Yeats. Les mots ne sonnent pas en français alors qu'en anglais on sent mieux les effets d'agencement des mots. Les poésies sur la nature irlandaise ou sur des lieux du pays comme les îles d'Aran sont très belles.


Critique : Traduttore, traditore… Je ne lis presque jamais des poésies traduites en français à partir d'une langue étrangère. Mais j'ai tenté l'expérience avec W. B. Yeats (1865-1939), qui a été honoré par un prix Nobel. Les quarante-cinq poèmes de ce recueil sont précédés d'une longue introduction. Celle-ci n'est pas très facile à lire, mais elle tente d'éclairer toute l'oeuvre de ce grand poète irlandais; elle pose aussi clairement les problèmes soulevés par la traduction. Venons-en aux poésies elles-mêmes. J'ignorais tout de la manière de Yeats. Les poèmes me semblent parfois obscurs, surprenants, voire étranges; ça ne "coule" pas toujours bien dans la traduction. Par contre, j'ai aimé certaines pièces présentées, même si je ne les comprends pas vraiment bien. En citation, j'ai mis un extrait de "The second coming" que je trouve particulièrement mystérieux et captivant.



Extraits

Quand un homme vieillit, sa joie

Se fait chaque jour plus profonde

Son cœur vide déborde enfin

Mais il lui faut bien cette force

Puisque le nuit qui s’accroît

Ouvre au mystère, à l'effroi.


Si je pouvais t'offrir le bleu secret du ciel,

Brodé de lumière d'or et de reflets d'argent

Le mystérieux secret, le secret éternel

De la vie et du jour, de la nuit et du temps,

Avec tout mon amour, je le mettrais à tes pieds,

Mais moi qui suis pauvre et n'ai que mes rêves,

Sous tes pas, je les ai déroulés.

Marche doucement, car tu marches sur mes rêves.


Danse là sur le rivage

Car pourquoi te soucierais-tu

Du vent ou de l'eau qui gronde ?

Et après secoue tes cheveux

Qu'ont trempés les gouttes amères,

Tu es jeune, tu ne sais pas

Que l'imbécile triomphe,

Ni qu'on perd l'amour aussitôt

Qu'on la gagné, ni qu'est mort

Celui qui œuvrait le mieux, mais laissa

Défaite toute la gerbe,

Ah, pourquoi aurais-tu la crainte

De l'horreur que clame le vent ?


L’ÉPITAPHE DE SWIFT


Le navire de Swift s'éloigne

Dans le repos éternel.

Nulle indignation forcenée

Ne l'y déchirera plus. Imite-le si tu l'oses,

Voyageur qu'abêtit le monde,

Car Swift a servi la cause

De l'humain qui est d'être libre..



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