Gilles : Ce livre contient 3 romans/nouvelles "Le bel été", "Le diable dans les collines" et "Entre femmes seules". Il s'agit de personnages en transition, d'une jeune adolescente qui veut devenir une femme, de jeunes garçons qui veulent grandir au contact de bourgeois décadents, d'une femme sensible à la tentation suicidaire d'une jeune femme. Ils confrontent leur pureté à des adultes décadents, cyniques, sans illusions. Pavese décrit la perte de l'innocence et la solitude de l'être humain au milieu des autres. L'écriture est magnifique et magnifie l'attente non satisfaite des personnages. Un univers révélateur d'un auteur qui se suicidera probablement par incapacité de pouvoir franchir ces étapes de la vie sociale.
Critique : La jeunesse est ce qui relie les trois nouvelles du recueil intitulé Le bel été. Observés à ce moment où ils découvrent la vie avec stupeur, les personnages de Pavese traversent une saison dans un état d’acuité poussé à son plus beau, éprouvent désir et attente dans l’idée qu’ils vivent quelque chose d’irrémédiable.
Le Bel été, le premier texte, c’est celui de Ginia une jeune fille de seize ans qui par l’intermédiaire de son amie plus délurée Amélia va faire connaissance avec le milieu des artistes peintres qui cherchent des modèles. La plus jeune perdra son innocence dans les bras de Guido et la seconde se fera soigner pour sa syphilis.
Avec Le Diable sur la colline, ce sont les garçons qui sont à l’honneur. Trois adolescents vont se lier avec Poli, un jeune homme plus âgé qu’eux, conduisant une voiture, se droguant, connaissant les femmes et d’un milieu plus aisé, il les entraîne dans des aventures et des excès dont ils finiront par se lasser.
Enfin, Entre femmes seules, c’est une tranche de la vie de Clelia qui revient à Turin dix-sept ans après son départ, pour surveiller les travaux de construction d’une boutique de mode, pour le compte de ses patrons romains. Il y sera question d’époque du carnaval, de jeunes gens voulant monter une pièce et d’un suicide.
La grâce absolue.
Extraits
À cette époque-là, c'était toujours fête. Il suffisait de sortir et de traverser la rue pour devenir comme folles, et tout était si beau, spécialement la nuit, que, lorsqu'on rentrait, mortes de fatigue, on espérait encore quel quelque chose allait se passer.
Mais plus elle y pensait, plus elle savait qu’elle retournerait là-haut. C’était à cause de cela, qu’elle se désespérait : parce qu’elle savait qu’elle avait fait une chose ridicule qu’une femme de son âge ne devait plus faire. Elle espérait seulement que Guido était fâché contre elle et qu’il n’essaierait plus de l’embrasser. Elle se serait volontiers battue parce que, lorsque Guido lui avait crié quelque chose dans l’escalier, elle n’avait pas écouté pour savoir s’il lui disait de revenir. Toute la soirée, dans l’obscurité du cinéma, elle pensa douloureusement, que, quoi qu’elle décidât maintenant, elle retournerait chez lui. Elle savait que cette envie de le revoir, de lui demander pardon et de lui dire qu’elle avait été stupide allait lui faire perdre la tête.