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L'or (Cendrars, Blaise)

Gilles : Petit roman très plaisant à lire qui retrace l'épopée du fondateur de la Californie moderne. L'écriture est fluide rendant très vivante l'aventure de ce pionnier du XIXe siècle au temps de la ruée vers l'or.


Critique : Itinéraire ahurissant que celui de Johann August Suter, d'origine suisse, aventurier, devenu en l'espace de 5 ans propriétaire d'un immense domaine prospère dans la vallée de Sacramento. La Nouvelle-Helvétie, nom de la propriété, affiche sa richesse, "d'innombrables troupeaux paissaient dans les grasses prairies", "les vergers regorgeaient de fruits", "partout des fontaines et des canaux". Au moment où l'heureux homme s'apprête à goûter le repos, juste récompenses de ses efforts, l'inouï surgit dans sa vie : de l'or est découvert sur ses terres en janvier 1848. du jour au lendemain, c'est la ruine. L'or maudit attire à lui toute la main d'oeuvre du domaine et des hordes de chercheurs d'or débarquent en provenance du monde entier, telle une nuée de sauterelles laissant derrière elle mort et désolation. de ces cendres naisse San Francisco et les bases d'un nouvel état prospère : la Californie. Dans un langage sobre et poétique, Blaise Cendrars restitue à merveille la tragédie du Colonel Suter, l'homme le plus riche du monde, que l'or a ruiné.



Extraits


Le port.

Le port de New York. 1834.

C'est là que débarquent tous les naufragés du vieux monde. Les naufragés, les malheureux, les mécontents. Les hommes libres, les insoumis. Ceux qui ont eu des revers de fortune; ceux qui ont tout risqué pour une seule carte; ceux qu'une passion romantique a bouleversé. Les premiers socialistes allemands, les premiers mystiques russes. Les idéologues que les polices d'Europe traquent ; ceux que la réaction chasse. Les petits artisans, premières victimes de la grosse industrie en formation. Les phalanstériens français, les carbonari [...]. Des esprits généreux, des têtes fêlées. Des brigands de Calabre, des patriotes hellènes. Les paysans d'Irlande et de Scandinavie. [...] Les illuminés de toutes les révolutions de 1830 et les derniers libéraux qui quittent leur patrie pour rallier la grande République, ouvriers, soldats, marchands, banquiers de tous les pays, même sud-américains, complices de Bolivar. Depuis la Révolution française, depuis la déclaration d'indépendance, en pleine croissance, en plein épanouissement, jamais New York n'a vu ses quais aussi continuellement envahis.

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