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Novecento : pianiste (Baricco, Alessandro)

Gilles : Après "Soie", livre très plaisant, 2ème livre que j'aborde de cet auteur italien. Grosse nouvelle basée sur une très belle idée, celle de cet homme né sur un bateau et qui refuse d'aller à terre. Livre agréable et poétique.


Critique : D'où vient le nouveau-né laissé à bord du Virginian, en escale à Boston ? Sur le bateau, nul ne le sait. Le marin qui l'a trouvé lui donne un nom : Novecento, mille neuf cents, comme le siècle qui commence. Longtemps l'enfant puis l'adulte, devenu un pianiste exceptionnel (on dit le plus grand), refuse d'aller à terre. Il dit n'avoir pas besoin de cela pour découvrir le monde. Après tout, il a peut-être raison, il n'est pas nécessaire de parcourir le monde pour le connaitre, il suffit parfois de fréquenter ceux qui l'habitent. A trente-deux ans néanmoins, poussé par un ami, Novecento tente de changer de perspective. Mais au seuil du monde (en fait, au pied de la passerelle), il renonce. Ce n'est pas la guerre, ni les incertitudes de la fin d'une époque se profilant à l'horizon qui le font reculer. Non, ce qui l'a fait battre en retraite, dit-il, c'est ce qu'il n'a pas vu à la coupée : un monde où il avait sa place. Voici donc l'histoire de Novecento, une histoire diablement belle, poétique et… désespérée, celle d'un pianiste virtuose resté dans son cocon, bercé par sa propre musique sur l'océan infini – un homme qui a refusé de naître pour ne pas mourir.



Extraits


Il savait écouter. Et il savait lire. Pas les livres, ça tout le monde peut, lui, ce qu'il savait lire, c'était les gens. Les signes que les gens emportent avec eux : les endroits, les bruits, les odeurs, leur terre, leur histoire...écrite sur eux du début à la fin. Et lui, il la lisait avec un soin infini. il cataloguait, il répertoriait, il classait...Chaque jour, il ajoutait un petit quelque chose à cette carte immense qui se dessinait peu à peu dans sa tête, une immense carte, la carte du monde, du monde tout entier, d'un bout à l'autre, des villes gigantesques et des comptoirs de bar, des longs fleuves et de petites flaques, et des avions, et des lions, une carte gigantesque. Et ensuite il voyageait dessus, comme un dieu, pendant que ses doigts se promenaient sur les touches en caressant les courbes d'un ragtime.


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