Gilles : Poésies lyriques de belle qualité, agréables et facilement compréhensibles. Toute l'oeuvre est réunie dans ce recueil, tout n'étant pas de même niveau. Rien à voir avec les poésies de haut vol de son ami/amant Paul Celan qui sont beaucoup plus abstraites. Il est intére'ssant de percevoir ce que ressent une femme autrichienne née entre les 2 guerres et dont le père était nazi. Poésies également sur ses amours qui virent assez vite vers des versants plus sombres. Le titre du recueil, magnifique, est extrait d'une de ces poésie de jeunesse.
Critique : Quelle force poétique incontestable ! Auteure autrichienne dont le père était nazi et qui en souffrait assez pour nous offrir une poésie pleine de souffrance mais tellement belle. Sérieux bémol, le vocabulaire utilisé en français semble parfois plat et la rime manque. Le plaisir doit être d'autant plus grand pour le lecteur qui pourra lire le texte original de cette édition bilingue. Car en allemand, il est visible que tout rime et chante davantage. Difficile de traduire la poésie bien sûr. Ceci n'empêche pas de s'imprégner de cette œuvre notable.
Extraits
Infidèle est ma bien-aimée,
je sais que parfois planant
sur ses hauts talons,
elle s'en va à la ville,
dans les bars embrasse avec la paille
les verres profondément sur la bouche
et trouve les mots pour tous.
Mais c'est une langue que je ne comprends pas.
Le temps en sursis
Des jours plus durs viennent.
Le temps en sursis révocable
devient lisible à l’horizon.
Il te faudra bientôt lacer ta chaussure
et renvoyer les chiens dans les fermes du littoral.
Car les entrailles des poissons
ont refroidi dans le vent.
La lumière des lupins brûle chichement.
Ton regard trace dans le brouillard :
Le temps en sursis révocable
devient lisible à l’horizon.
Ta bien-aimée de l’autre côté s’enfonce dans le sable,
il monte autour de ses cheveux flottants,
il lui coupe la parole,
il lui enjoint de se taire,
il la trouve mortelle
et disposée à l’adieu
après chaque étreinte.
Ne regarde pas en arrière.
Lace ta chaussure.
Renvoie les chiens.
Jette les poissons à la mer.
Éteins les lupins !
Des jours plus durs viennent.