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Trahisons (Pinter, Harold)

Gilles : Pièce vue au festival off d'Avignon. La force de ce texte vient de la chronologie proposée par l'auteur. L'enchaînement des scènes est implacable et déroule de façon inéluctable les relations entre les 3 personnages.


Critique : Pinter choisit trois personnages éminemment fidèles (où serait la trahison s’ils ne l’étaient pas…?), deux vieux amis devenus collègues, et l’épouse de l’un. Qui dira d’où vient – d’où viennent – la, ou les trahisons? Entre espoir, désir, passion, amitié, travail, respect de l’autre et attachement familial, qui trahit, combien de fois, et de quelle manière? - Quel peut être le poids du secret, pour chacun des trois personnages? Quelle part de fidélité subsiste dans la trahison? Mais Pinter ne raconte pas banalement une aventure de plus. Par une suite de flash back – comme dans un film il remonte l’histoire, de sa fin à sa source. Nous aurons rétrospectivement le souvenir des heures de joie, de malaise, de déception, de complicité, au fil du souvenir des trois personnages. De Londres à Venise, loin du vaudeville, Pinter nous offre la célébration et l’autopsie d’une amitié, et celles d’une passion.

Extraits


Midi. Emma est assise à une table dans un coin. Jerry approche avec des verres, un demi de bière amère pour lui, un verre de vin pour elle. Il s’assied. Ils sourient, se portent un toast en silence, boivent. Il s’adosse à sa chaise et la regarde.


JERRY Eh bien…

EMMA Comment vas-tu ?

JERRY Ça va.

EMMA Tu as bonne mine.

JERRY Eh bien, ça ne va pas si bien que ça, en fait.

EMMA Pourquoi ? Qu’est-ce que tu as ?

JERRY Gueule de bois. Il lève son verre. À la tienne. Il boit. Comment vas-tu ?

EMMA Je vais bien. Elle promène son regard autour du bar, puis le ramène sur lui. (Comme au bon vieux temps.)

JERRY Mmm. Ça fait longtemps.

EMMA Oui.

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